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Exposition

RAPHAËL LARRE : EN-VIE

Comme vous et moi, Raphaël Larre a deux yeux et deux mains mais ses yeux et ses mains nous prennent de vitesse pour saisir au vol le tourbillon de la vie. Son secret réside-t-il dans le fait d’avancer doublement armé ? Deux marqueurs, un pour chaque œil, pour chaque main, un pour les formes, un pour le rythme, ponctuation ou accentuation dans chacune des bribes captées.

Saisir la scène ? Non, plutôt remarquer l’inflexion, le geste, l’expression incertaine et infime qui nous renvoient à l’infini singularité des autres. Pas de types, de stéréotypes, de familles, de groupes ou de masses, Raphaël Larre s’essaie fébrile à l’infinie variété du genre humain, les « nous pas nous » dans leur circonstance.

Pour Raphaël Larre, inventer un écrit-mouvement capable de suivre, d’accompagner ses mises en rythme, ses messages en morse figural : trait fin, trait épais, arrondi, tremblé, éclat tippex, voilà les allures de sa cartographie mouvante du sensible, toujours à recommencer, en Argentine, dans les Landes, à Madrid ou à Paris. Inscrire la pulsation, les battements, révéler les articulations.

Soumettre la main, les yeux à la trépidante actualité, y perdre le superflu et les conventions de l’appris, de l’à priori, de l’académisme, laisser parler la mémoire des signes et des formes sur le grand mur blanc, sans cadre, grotte d’aujourd’hui pour faire surgir les démons et les dieux d’une époque oublieuse et sans rêve. Raphaël Larre nous mène de la sensation à la signification, il articule le réel pour nous.

Sous la double invocation de Saturne, dieu mélancolique qui mangeait ses enfants pour ne pas se soumettre au Temps, et de Goya, témoin en noir et blanc des atrocités du sien, Raphaël Larre offre aux effets du temps ses notes surgies dans l’urgence, visions nées de l’écoute (flottante ?) de l’actualité, les décante jusqu’à l’épure patinée en grand format.

Tout l’art est convoqué : n’allez pas croire, Larre n’est pas ignare ! Médium, il se laisse traverser par l’influx presque électrique du vivant jusqu’au bout des deux marqueurs, sismographes amis qui, d’instinct, se tournent vers le tondo pour le combat des chefs, médaille ou poterie antique aux lutteurs entremêlés qui s’échangent sucs, sueurs et identités. Larre bat dans les artères de son temps.

 

MARIE-LINDA ORTEGA octobre 2011 ©

Raphaël Larre

EN VIE

Dessins Vidéo Performance

Du 03 novembre au 03 décembre 2011
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BIOGRAPHIE