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Exposition

 


Peindre ou dessiner des iris est un prétexte en valant bien un autre et il présente l'avantage majeur de traiter du vivant.

Si j'ai toujours abordé le problème exactement comme celui de restituer les traits d'une personne, c'est bien parce que mes iris sont des portraits de fleurs avec toutes les particularités et les individualités ponctuelles de l'objet soumis à ma description. Par conséquent, on peut trouver certains iris un peu malmenés par la vie, tordus par un voisin, écrasés par la pluie, couchés par le vent ou attaqués par des insectes...

Le second avantage des iris est leur patience. Malgré leur vie éphémère, ils se fatiguent moins vite qu'un modèle humain tout en faisant preuve d'une disponibilité incomparable.

Leur troisième atout majeur est leur splendeur tant architecturale que chromatique, ce qui permet d'aborder les problèmes d'espace et de couleurs de manière à la fois très concrète et renouvelée car chaque variété a des spécificités physiques très marquées. La disposition spatiale, la largeur des feuilles, l'épaisseur des tiges, les fleurs écartées ou justement regroupées renouvèlent les problématiques concernant leur restitution en deux dimensions.

Même si de nos jours les critères de beauté n'ont soi disant plus lieu d'être, il convient toutefois d'admettre que d'essayer de reproduire quelque peu l'éclat de ces fleurs éphémères est un exercice exigeant étant donné l'éclat de leurs coloris et le caractère complexe et fragile de leurs structures.

Certains effets lumineux ponctuels, parfois très fugaces, accentuent les contrastes en transformant certains pétales en vitraux. Jeter un œil au cœur de la fleur à ce moment là c'est découvrir une cathédrale de couleur pure rendant toutes les tentatives plastiques plus ou moins immersives de Rothko à Kapoor assez dérisoires et pathétiques.

Le choix de montrer ces fleurs à une échelle bien supérieure à celle de la réalité a pour but de les monumentaliser en obligeant le spectateur à les considérer différemment tout en s'attardant à des détails lui ayant toujours échappé. En cela ma démarche n'est pas une stricte observation botanique, mais plutôt une exploration des qualités plastiques de la plante susceptible de me stimuler tout en ayant un attrait visuel pour le public. Agrandir les iris c'est les rendre plus picturaux, les abstraire à leur milieu strictement végétal au profit d'une proposition colorée dont la composition relève simultanément du piège, de la cible et du labyrinthe.

En outre, la complexité de la plante comme de sa fleur exigent lors de leur transcription une certaine rigueur formelle qui n'est pas pour me déplaire.

Fréquemment, en raison du caractère très éphémère de la floraison des iris, je tiens à la présence de boutons ou de fleurs fanées révélant, au même titre qu'une vanité, la fragilité et la fugacité de l'existence.

L'enchantement visuel n'est donc que très passager et seulement possible les années où les conditions météorologiques s'avèrent assez clémentes.

Comme tout ce qui est vivant, les iris sont une sorte de miracle dont chaque réapparition suscite le même émerveillement d'autant plus surprenant qu'il est produit par un rhizome modeste et des plus insignifiants dont les facultés de phénix sont inimaginables. Les peindre chaque année c'est retrouver ce plaisir mais c'est aussi recommencer à se "casser les dents" sur leur représentation toujours aussi complexe et fascinante même si, je peux le remarquer, je suis désormais en mesure de les reproduire plus rapidement que par le passé.

Les exécuter au moyen de pastels secs, un médium assez fragile mais très souple, permet de tenter de retrouver toute la diversité de leurs textures très variées dont chaque élément peut être soit mat, soit brillant voire satiné...

 

Je souhaite dédier cette exposition à mon amie Iris qui se bat en silence contre la mucoviscidose.

 

Marc Beaulieux

 

  

MARC BEAULIUEX

Des Iris pour Iris

Fusain & Pastel

Du 15 juin 2017 au 24 juin 2017

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