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Exposition
Istvan BETUKER
ERRANCE
Peintures
Du 20 novembre au 20 decembre 2008
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BIOGRAPHIE

Il y a toujours une pause d’un instant entre un geste terminé et un nouveau geste. C’est l’instant où un mouvement vient de s’évanouir dans nos muscles, l’instant où notre cerveau en commande un nouveau. Il s’agit d’un état en dehors de la physique, une phase entrecoupée, un instant sans reflets… À cet instant ci, on pourrait s’envoler, en arrêtant le temps et en s’échappant à la pression du mouvement. Mais justement à ce moment-ci, l’artiste lancera la gravitation d’un point différent, extrêmement nouveau dans l’espace, comme il lancerait un ballon. Et notre corps - las - perçoit cette pression et se lance dans la direction indiquée. Et voilà, nous y sommes peints. Rendu à l’éternité, ce qui reste sur la toile consiste en une pause d’un instant entre nos mouvements, comme un morceau arraché de nos gestes. Juste en regardant les œuvres de Betuker István, nous sommes séduits. Notre raison et nos sens erreront dans ces sentiers mystérieux. On ne croit pas en notre infaillibilité, mais en ce qu’on voit, et l’on s’approprie ce sentiment angoissant, fin, né de la paix éthérée des modèles peints. Yeux fermés, la plupart des personnages de Betuker István se laissent arracher, en s’accrochant à l’insaisissable. Yeux grands ouverts, certains personnages nous laissent pénétrer leur intimité, mais leur regards éblouis nous reprochent notre curiosité, nous remplissant de honte. Les autres, nous ignorant, rejettent nos regards perçants, se cachent devant l’insupportabile de notre curiosité. Et d’autres - aux visages effrayants, difformes, ou extrêmement gais et brillants - nous font prendre conscience de l’inutilité de notre quête et leurs masques nous interdisent la perception d’autres sentiments. Betuker István ne nous laisse pas interroger ses héros : la plupart d’entre eux sont représentés les yeux baissés, par demi jambes ou demi bras… Il leur confie le sacrement de ses sentiments, comme nous confions à notre journal ou à nos proches le sacrement de nos dilemmes.

Szilárd Ferenczi, historien